Vague sentiment de déni de justice

Publié le par Canine

19h20. J'étais en train de lire "Notre-Dame-de-Paris" de Victor Hugo quand j'entends des cris venant de la rue. J'ouvre ma fenêtre pour découvrir une empoignade entre deux types, monsieur n°1 pieds nus avec une tenue d'enfant-adulte, d'environ une trentaine d'année, monsieur n°2 la vingtaine, avec les chaussures, le pantalon et le t-shirt de sport et le sac style banane, bref le look du jeune banlieusard de base.

 

Victor Hugo est passionnant, mais qui résisterait à un épisode de realité-voyeurisme ? Je me penche à la fenêtre pour suivre l'altercation, d'ores et déjà encadrée par plusieurs armoires à glasses du quartier. Au fur et à mesure des engueulades entre les deux types, les raisons de la confrontation deviennent claires : n°2 a traîté n°1 de pédé, n°1 répète plusieurs fois "Et si je suis pédé, qu'est-ce que ça peut te foutre ? On est en France..." alors que n°2 lui répète "va te faire soigner" et crache plusieurs fois vers lui. 

Un discours s'engage entre eux : n°1 qui défend le respect des personnes protégées par le droit français et n°2, qui ne se gène pas pour l'appeler "traitre" et "faux-arabe".

 

L'engueulade s'étend, et n°1 répète qu'il veut porter plainte, plusieurs personnes interviennent et repartent, quelques-uns lui reprochent de perturber le calme du quartier, n°2 continue à insister que, de toute façon, n°1 l'a insulté aussi et donc, il ne peut pas porter plainte contre lui, vu qu'il l'a aussi insulté.

 

Je regarde le tout en me disant "Quelqu'un de compétent va se ramener, va les faire se confronter et discuter du problème, s'assurer qu'il ne peut pas y avoir de suites violentes et le tout va se classer."

 

20h10. La police de proximité arrive, et c'est là que, à mon grand étonnement, ils commencent à engueuler n°1 puisque "n°2 s'est excusé donc il faut qu'il arrête, sinon c'est lui qu'ils vont coffrer".

 

...

 

Arrêtez-moi si je me trompe : discriminations basées sur l'orientation sexuelle ? Violences physiques et psychologiques ? Je ne dis pas de foutre n°2 au cachôt mais ce qui me fait réellement halluciner, c'est cette "police de proximité" censée gérer le quartier qui se ramène, engueule la victime d'une agression et se barre, après avoir passé 60 secondes sur la scène d'une bagarre qui a duré plus d'une heure.

 

Et moi, en simple témoin, de ressentir un grand déni de justice, ou du moins un vide assez conséquent dans l'esprit des "services de la paix".

Est-ce qu'ils ne se rendent pas compte qu'il y aura des conséquences violentes ? Est-on en train de dire à n°1 qu'on peut le bousculer, le traîter de pédé en public et que, du moment que l'auteur s'excuse, on en parle plus ?

 

...je devrais essayer ça à Neuilly. Je vais me ramener, bousculer le premier type qui passe, le plaquer contre un mur, le traîter de sale pédé, lui cracher dessus et ensuite, attendre de voir si la police lui dit que "elle s'est excusé, passe ton chemin ou c'est toi que je coffre !"

 

Et depuis quand la France défend l'agresseur quand il dit "oh, allez, pardon, fais pas chier" ? On n'a, en ces temps de ratonnades et de chasse à l'étranger criminel, pas tellement d'avocats du droit français. Est-ce qu'on va vraiment institutionnaliser le fait de les ignorer et de les laisser se faire agresser, voire de les menacer quand ils demandent justice ?

Publié dans France

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